PLF 2024. L’investissement éducatif comme clé du futur retour à l'accueil


Yassine Saber

Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, est convaincu que consacrer des ressources à l’éducation revient à poser les bases d’un avenir prometteur. 

L’allocation de ressources à l’éducation représente un véritable engagement envers le développement futur des générations émergentes, du moins selon Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget. En réaction aux interventions des groupes parlementaires lors de la discussion générale sur la première partie du Projet de loi de finances (PLF) de 2024 à la Chambre des conseillers, Lekjaa a affirmé que, sous le leadership du Roi Mohammed VI, la construction sociale stratégique nécessite inévitablement une éducation robuste formant les générations à venir. Malgré les circonstances difficiles et exceptionnelles, le ministre a souligné que l’amélioration des revenus des acteurs de l’éducation, en reconnaissance de leur rôle essentiel, reste une priorité indéfectible. En ce qui concerne le PLF, le ministre a mis l’accent sur le fait que les taux de croissance ne sont pas déterminés par des hypothèses, mais plutôt par des politiques économiques de développement, considérées comme le seul moyen viable de favoriser la création d’emplois. Pour ce qui est de l’éventuel recours du gouvernement à l’emprunt pour financer les programmes sociaux, le responsable a précisé que le projet sociétal porté par le Roi Mohammed VI bénéficie de plusieurs garanties, dont la souveraineté financière de notre pays. Il a ajouté que, pour le gouvernement, dépasser les limites d’endettement et de déficit représente une ligne à ne pas franchir. Lekjaa a souligné que, même si le gouvernement dispose de conditions favorables pour contracter des emprunts, il s’oppose à l’idée de surcharger le budget avec des dettes. Après avoir souligné que la classe moyenne représente la clef de voûte dans l’édification des sociétés modernes, Lekjaa a expliqué que l’Exécutif a pris plusieurs mesures en sa faveur, notamment des aides au logement et la résolution de problèmes salariaux dans certains secteurs. Il a relevé que pour améliorer le revenu de la classe moyenne, il est essentiel de redoubler d’efforts et de garantir un véritable soutien de la part du secteur privé.

Un pas en avant vers la consécration de l’Etat social
Au cours de la discussion, les groupes de la majorité ont salué le contenu du PLF-2024, le considérant comme un pas en avant vers la consécration de l’État social caractérisé par son approche marocaine novatrice et distincte. Ils ont souligné que le projet repose sur «des hypothèses réalistes alignées sur les pratiques des différentes institutions internationales et élaborées selon une méthodologie scientifique prenant en compte la structure de l’économie nationale». Dans la même veine, le président du Groupe du Rassemblement national des indépendants, Mohamed Bakouri, a affirmé que ce Projet de loi de finances s’oriente vers la redistribution des richesses pour instaurer un équilibre social, lutter contre l’évasion fiscale, préserver la souveraineté financière du Royaume et assurer le soutien des classes pauvres et en situation de précarité. De son côté, le président du Groupe Authenticité et modernité à la Chambre des conseillers, Abdelkarim El Hams, a noté que ce PLF apporte des réponses concrètes à un ensemble de questions et de défis sociaux qui se sont accumulés au fil des ans et jette les bases nécessaires pour une relance économique, une transformation sociale et une réforme multidimensionnelle. De son côté, Lahcen Haddad, membre du Groupe Istiqlalien de l’Unité et de l’égalitarisme à la Chambre des conseillers, a souligné que «dans l’élaboration de ce PLF, le gouvernement ne s’est pas seulement focalisé sur les équilibres financiers et économiques, mais l’a conceptualisé comme un projet sociétal reflétant l’importance accordée aux questions sociales». Il a ajouté que le projet va au-delà des mesures fiscales, en proposant des dispositions visant à rationaliser les programmes d’aide sociale, en les regroupant et en mobilisant des ressources supplémentaires vers le Fonds d’appui à la protection sociale et à la cohésion sociale.

L’avis est défavorable pour certains
En revanche, les groupes de l’opposition ont critiqué les hypothèses et les indicateurs du PLF, les qualifiant d’«obsolètes et ne reflétant pas la réalité économique et sociale». Ils ont également exprimé des réserves quant à l’optimisme démesuré face aux contraintes et défis du contexte géopolitique actuel. Dans cette perspective, Yahfadeh Ben Mbarek, membre du Groupe Haraki à la Chambre des Conseillers, a exprimé son point de vue selon lequel les chiffres et les hypothèses du PLF sont irréalistes et difficiles à atteindre, marqués par un excès d’optimisme, négligeant le contexte national et international exceptionnel marqué par l’incertitude. Il a ajouté que le PLF est dominé par l’obsession de préserver les équilibres macroéconomiques au détriment des équilibres sociaux, reposant principalement dans ses ressources sur les impôts sans proposer une nouvelle philosophie ou vision pour la génération de richesse et la création de nouvelles ressources. De manière similaire, le président du Groupe socialiste – opposition Ittihadie à la Chambre des Conseillers, Youssef Idi, a souligné que les hypothèses de base du PLF sont «excessivement optimistes, suscitant des interrogations quant à leur crédibilité et leur faisabilité». Il a également mis en avant le défi que représente la pérennité du financement des programmes et des chantiers sociaux